Je termine la lecture du livre « La poétique de l’espace » du philosophe Français Gaston Bachelard [1884-1962]. J’ai été attiré par le livre à cause de sa proposition d’analyse de la dimension imaginaire de la « joie d’habiter », « l’étude de l’intimité heureuse », sujet qui me touche particulièrement. En effet, pour moi, la maison (passée et présente) revêt une importance clé dans mon édifice personnel (oui, j’ose la blague).
Une belle découverte : Bachelard utilise la poésie et les poètes dans son approche philosophique, ce qui me permet de découvrir plusieurs d’entres eux pour la première fois.
Une des thèses explorées, c’est que « la maison est comme un instrument d’analyse pour l’âme humaine ». Bachelard écrit : « À travers les souvenirs de toutes les maisons où nous avons trouvé abri, par-delà toutes les maisons que nous avons rêvé habiter, peut-on dégager une essence intime et concrète qui soit une justification singulière de toutes nos images d’intimité protégée ? »
Quelques pistes évoquées :
« Nous nous réconfortons en revivant des souvenirs de protection »
« Les souvenirs du monde extérieur n’auront jamais la même tonalité que les souvenirs de la maison »
Bachelard explique que nos maisons à jamais perdues vivent en nous et qu’une « sorte de remords de ne pas avoir vécu assez profondément dans la vieille maison vient à l’âme, monte du passé, nous submerge ». Il cite Rainer Maria Rilke :
Ô nostalgie des lieux qui n’étaient point
assez aimés à l’heure passagère,
que je voudrais leur rendre de loin
le geste oublié, l’action supplémentaire !
Il cite aussi Henry David Thoreau : « Devant toutes les maisons solitaires que je rencontre dans la campagne, je me dis que je pourrais, satisfait, passer là ma vie, car je les vois, à leur avantage, sans inconvénients. Je n’y ai pas encore apporté mes ennuyeuses pensées et mes prosaïques habitudes et ainsi je n’ai pas gâté le paysage. »
Au-delà de la maison, Bachelard explore les tiroirs, les coffres et les armoires (« il y aura toujours plus de choses dans un coffre fermé que dans un coffret ouvert »), le nid (« découvrir un nid nous renvoie à notre enfance, à des enfances que nous aurions dû avoir »), la coquille, les coins (« le coin est un refuge qui nous assure une première valeur de l’être: l’immobilité ») et la miniature (« la miniature est un des gîtes de la grandeur »).
Bref, plusieurs sujets intéressants, quelques pistes de réflexions géniales, mais Bachelard reste assez impénétrable dans ses réflexions.